Nous sommes en 2003. Le monde bouge
et change pourtant chacun se pose la question suivante
: « pour découvrir quoi ? ». Souvent,
nous parlons de choix, que l’homme serait face à
une phase ultime de son existence comparée à
son histoire passée. Dans le même temps,
il est vraiment dérouté en observant les
déchirures et les désordres qui sévissent
dans presque tous les pays du monde. Pourquoi donc ce
choix ? L’humanité est-elle réellement
prête à accepter ces changements radicaux
annoncés, qui n’ont plus rien à voir avec
le passé ? Ce lendemain se présente comme
étant l’inconnu et nous le craignons au plus
fort de nos émotions nous avons du mal à
contrôler. La crainte de perdre des acquis de
toutes sortes nous invite à considérer
la vie dans sa plus simple expression.
La conscience humaine est ainsi plongée
dans la brume des aurores de l’espace et de l’ère
nouvelle. Rien n’est mystérieux, bien au contraire,
c’est l’homme qui désire qu’il en soit ainsi.
C’est sur le plan individuel que la conscience collective
retrouvera ses droits mais elle ne sera plus jamais
ce qu’elle était. La responsabilité et
la discipline personnelle seront mises à l’épreuve.
Cette discipline n’est pas aussi facile à adopter
qu’on le laisse entendre. En première place,
c’est de l’économie qu’il s’agira. Mais cette
gymnastique cérébrale à tout vent
se disperse dans un souci de lucre ou de concurrence
dérivant sur l’iniquité et le séparatisme.
A partir de là, le reste suivra inéluctablement
dans la mesure où l’homme acceptera la réalité
de sa véritable raison d’être. Les religions
et même la politique devront revoir les directives
ayant eu leur authenticité. Le prix de ce changement
n’est ni plus ni moins, d’ordre psychologique, intérieur
dans l’expression même de la nature humaine, dans
sa condition unique en son genre celle d’être
une entité spirituelle. La spiritualité
définie comme un état de conscience et
non une forme nouvelle d’expression religieuse.
La spiritualité, une impulsion morale innée,
dans sa forme authentique, ressemble à un code
pratique de vie. Elle a été absorbée
par les religions faisant réagir la plupart des
gens qui qualifient une personne dénuée
de qualité spirituelle parce qu’elle ne fréquente
pas un lieu de culte ou tout bonnement, ne croit pas
nécessairement à une divinité quelconque.
Intégrée dans les dogmes de la religion,
elle garantira des privilèges dont seuls ses
représentants auront la faculté d’en jouir
en toute impunité lorsqu’elle sera bafouée
de diverses manières. Les idéalistes comme
certains philosophes, ont essuyé des critiques
en raison de sa spécificité et de son
originalité. Dans l’Egypte antique, la religion,
la politique, la magie, la philosophie, faisaient partie
du quotidien. L’étude incontournable dans chacune
de ces disciplines était presque comme un passage
obligé de tout individu appelé à
servir le pharaon représentant la descendance
directe du monde divin. A l’inverse de notre ère
actuelle, il était de bon ton d’appartenir à
des sectes religieuses ou à des mouvements prônant
la reconnaissance du pharaon comme étant le symbole
vivant de la divinité sur le plan terrestre.
Avant d’aborder le thème essentiel de ce chapitre,
remarquons ce que pensent les philosophes du passé
à propos de la vertu et du sens du bien.
« Socrate enseignait que la vertu était
un don naturel, une tendance innée. Ce n’était
pas une habitude artificielle, c’est à dire qu’elle
n’était pas acquise par l’éducation. Socrate
assurait cependant que la vertu pouvait être enseignée,
mais seulement en accord avec la tendance naturelle
de l’âme. L’âme garde, disait-il, une sagesse
divine. Cette connaissance de soi pouvait être
éveillée et elle était parfaite.
La connaissance de soi était le commencement
de l’existence personnelle. Cette connaissance éveillée
de l’âme définissait pour l’homme la nature
de la vertu. Socrate déclarait que, par conséquent,
« la vertu est la connaissance ». Cette
connaissance de l’âme révèle à
l’homme ce « qui est vraiment meilleur ».
Toutes les vertus, assurait de plus Socrate, sont une
car, en dessous d’elles, est la connaissance de leur
qualité de bien, c’est à dire qu’elles
sont ce qu’il y a de mieux pour l’homme.
« Platon était d’une opinion différente
de celle de son maître Socrate. Il enseignait
qu’il n’y a pas de principe unifié de bien en
dessous des vertus. Toutes les vertus, soutenait-il,
impliquent un contraire d’ignorance. En d’autres termes,
la vertu est la connaissance d’une sorte d’action. Ainsi,
on est prudent, non par un sens inné du bien,
mais plutôt parce que la connaissance montre que
c’est la meilleure voie.
Cette connaissance de la vertu ne peut-être enseignée
de l’extérieur par des préceptes artificiels.
Selon Platon, les règles, les codes moraux, sont
des méthodes artificielles d’enseignement de
la véritable vertu. Ils sont transitoires et
tous les hommes ne ressentent pas le bien que ces règles
sont supposées enseigner…
« Chaque homme a le désir instinctif,
inné, de faire ce qui est bien. Mais, un bien
pour qui, pour quoi ? C’est ce qui est bon pour soi-même.
Tout ce que l’homme fait est fait pour la satisfaction
d’un quelconque des aspects de sa nature. Même
les actes charitables soi-disant impersonnels sont accomplis,
sinon par compulsion, du moins parce qu’ils satisfont
une sensibilité, un sentiment ou une émotion.
Il peut paraître contradictoire de classer dans
la même catégorie de sentiments les actes
généralement considérés
comme égoïstes et ceux considérés
comme altruistes. Cependant, instinctivement, l’homme
fait toujours ce qu’il pense être le meilleur
pour lui, c’est-à-dire ce qu’il considère
comme personnellement satisfaisant… »
« La religion a également des aspects négatifs.
Les hommes ont cherché à humaniser leur
dieu. Ils lui ont transféré leur propre
fragilité. Le dieu aimé, haï, était
jaloux ; on dit qu’il punissait et que parfois, il détruisait.
Les hommes ont parlé de tout ceci dans leurs
livres sacrés. Ils ont dit que leurs rêves
et leurs visions étaient des révélations
divines. Ils ont dit qu’ils étaient la voix,
les ordres, les faits du Divin. Ceux qui n’acceptaient
pas leurs interprétations étaient qualifiés
d’hérétiques et d’infidèles. Oter
la vie, supprimer la connaissance, détruire,
étaient choses ratifiées si elles étaient
accomplies au nom de la déité. Voilà
les aspects négatifs de la religion… »
C’est à cause de la mort, que nous avons essayé
d’extraire carrément son aiguillon. Nous désirons
au fond de nous-même un « plus » après
cette interruption inattendue qui « semble »
tout interrompre. La recherche sur l’immortalité
a contribué au besoin d’un comportement exemplaire.
C’est pourquoi, dans une certaine limite, la religion
contribue également à l’harmonie humaine.
Mais chaque individu devrait bénéficier
d’une totale liberté quant à la façon
dont ses croyances lui permettent de participer à
l’élévation de la conscience de la société.
Autrement dit, atteindre cette harmonie collective dans
les meilleures conditions possibles par le respect,
l’abnégation et la volonté de tolérer
la différence entre toutes les communautés
que forme l’humanité.
L’égalité aurait donc une vertu de nature
spirituelle. Ceci n’indique pas parallèlement,
qu’elle soit pour autant un bien de connotation religieuse,
ce qui serait une erreur d’appréciation et de
jugement.
Elle n’a pas non plus pour racine la religion, elle
n’a jamais eu cette vocation. Ce sont les hommes qui
transforment les réalités de l’actualité
en désirant que ces mêmes réalités
soient, non pas telles qu’elles sont, mais selon ses
propres idées et perceptions personnelles de
la vie. C’est également la raison pour laquelle
nous ne devons pas limiter notre engagement dans la
vie uniquement parce que le soi disant « bon sens
» est la valeur intrinsèque qui mène
indubitablement à la réalisation d’un
élément positif au bénéfice
de la collectivité. Il a été répété
maintes fois qu’il n’y a pas de perception ou de conception
uniforme. Nos recherches, par une conception générale
peuvent être identiques bien que nos expériences
demeureront spécifiques, personnelles donc différentes.
Partant de cette logique du « sens commun »
des choses, L’égalité entre les hommes
n’est pas aussi possible que la fraternité elle-même
! Du point de vue politique, qu’elle est sa réalité
sinon son objectif ? La politique, selon certains philosophes,
est avant tout, une idéologie qui préconise
un état proche des conditions que les hommes
conçoivent comme une sorte d’utopie, un chemin
y conduisant. Elle présente des solutions du
moins des utopies élémentaires qui sont
la base certaine des désirs humains comme la
liberté, le bonheur et la paix. Mais tous les
hommes ne sont pas forcément d’accord sur les
méthodes et la procédure à suivre
pour les atteindre.
Dès notre naissance, notre forme et notre expression
différent de celles des autres. Ainsi, de ce
point de vue, nous savons que nous ne sommes pas égaux
même si, par chance la nature a parfaitement conclu
notre apparence afin d’être mieux accueilli par
les communs des mortels que nous constituons sur cette
terre. Aucune qualité dynamique que ne compose
notre nature physique et psychologique peut prétendre
à l’avantage d’une égalité quelconque.
Chercher à être égal à l’autre
serait se pourvoir aux exigences de l’illusion pure.
Partant de cette hypothèse, comment atteindre
la satisfaction d’un bien-être ? Il a été
remarqué que l’uniformisation des habitudes provoquerait
la dégradation de la société et,
aboutirait vers instabilité sociale et même
politico-économique.
Cette uniformisation nécessiterait une participation
individuelle des peuples en l’occurrence différents
à tous points de vue alors que la considération
sur l’égalité demeure avant tout une conception
« globale » obéissant à un
système de répartition de la vertu au
bénéfice de la société.
Naguère, des idéalistes ont voulu démystifier
en vain, la qualité intrinsèque de cette
conception globale. Ils se sont heurtés sur les
réalités du changement constant de la
nature humaine qui plus est, dans l’évolution
de l’idée, celle-ci s’avérant positive
mais en partie seulement. L’histoire humaine est aussi
complexe que l’homme lui-même. Il serait prudent
de ne pas faire des conclusions hâtives parce
qu’elles seraient purement de nature émotionnelle.
Ce sont les émotions qui engendrent les malaises
de toutes sortes ; ce sont les chocs psychologiques
qui ont tendance à soulever le voile des erreurs
et des vérités. C’est ainsi que naissent
de nouvelles idées qui ne sont pas toujours affinées
en penchant plus vers l’erreur que la justesse à
l’égard du positivisme. C’est la confusion entre
l’égalité universelle plus pratique, politique
que biologique ou fonctionnelle. Naît de la démesure,
l’égalité au sens commun du terme n’est
pas réalisable et dans ce cas, peut-on croire
à une espèce d’égalité qui
apporterait au monde paix, tranquillité et sérénité
?
La vie en société exige des conditions
sans lesquelles l’anarchie règnerait. La quête
pour la réussite motive tout un chacun comme
le bien-être du corps et de l’esprit est le but
ultime de cette motivation. C’est pourquoi nous ne pouvons
accepter que cette condition soit le privilège
de quelques personnes seulement sous prétexte
que seul l’argent permet d’accéder au bonheur.
De plus, le savoir ou le plaisir de connaître
n’est pas l’apanage de quelques érudits soient-ils.
Il est évident que si les hommes entreprenaient
l’effort de se discipliner afin de maintenir une certaine
harmonie en eux, l’égalité dans sa forme
aurait été envisageable mais uniquement
dans sa forme. Dans le fond, il n’existe pas d’uniformité
sociale pour la seule raison que nous sommes différents
les uns par rapport aux autres, tant avec nos apparences
que dans notre façon personnelle de concevoir
les choses de la vie. L’inégalité est
donc plus le résultat d’un despotisme latent
c’est-à-dire, d’un abus de pouvoir d’où
qu’il vienne. Elle prend racine depuis l’intolérance
chronique, l’égoïsme, plutôt que d’une
circonstance élaborée par des évènements,
d’un facteur hasardeux de la chance ou de la malchance.
Elle n’est pas non plus prédestinée, ni
préétablie par un décret quelconque.
Cependant, la société évolue
elle aussi au fil, du temps, ce qui laisse entendre
qu’elle est soumise aux turbulences, à des périodes
plus ou moins douloureuses ce qui lui permet de «
grandir ». Or, c’est le point faible de tout être
attaché au progrès de se sentir comme
frustré en constatant que ces moments d’épreuves
perdurent. Certes, des phases d’euphories ont eu la
tendance de faire croire qu’enfin tout est acquis. Nous
sommes donc fondamentalement inégaux c’est la
condition sine qua none de la vie pour faire avancer
les imperfections c’est grâce aux difficultés
que les erreurs s’effacent au fur et à mesure.
Le médecin parfaire ses talents, améliore
ses connaissances grâce à la maladie tant
redoutée. L’équilibre, si nous la considérons
comme un élément de progression, reste
sans doute l’aspect négatif du changement et
de l’amélioration. En effet, l’équilibre
n’engendre plus rien il est statique et pourrait à
la longue créer une situation insupportable puisque
tout se trouve au même niveau « d ‘égalité
». Toutes ces lois contradictoires que la nature
présente, expliquent clairement que ce qui n’est
pas commun n’est pas forcément inutile ni mauvais,
bien au contraire. L’Aventureux est aussi celui qui
fait progresser les choses, dans les domaines qu’il
excelle. Malgré les conceptions traditionnelles
et les avis, à l’échelle communautaire
ou mondiale, il ose franchir les barrières des
pensées stagnantes sévèrement opposées
au changement pour le bonheur de tous.
La misère, l’envie, l’argent dit facile, les
maigres salaires avec toutes ses répercutions,
incitent à corrompre les lois et à détourner
les poursuites judiciaires. La corruption appauvrit
dangereusement un pays et le mène sournoisement
à la révolte et sûrement à
la guerre et de fruste sentiment d’inégalité.
Dans un des chapitres précédents, nous
avons observé que la fraternité n’a pas
non plus d’universalité au royaume de la politique.
Cependant, les opinions et les actions extrêmes
peuvent être atténuées si les hommes
font tout leur possible pour les comprendre. Ce sont
le plus souvent des principes religieux et politiques
que quelques personnes condamnent, parce qu’ils paraissent
ou sont contraires à leurs concepts personnels.
C’est une erreur de jugement de croire que nos actions
sont foncièrement le bien. Dès lors, nous
serions enclins de déclarer que tout ce que nous
considérons comme étant le bien est vrai,
ce qui le diffère est logiquement faux et mal.
Toutes ces considérations ont été
mises ici pêle-mêle car l’intention n’a
pas pour but d’épater la galerie avec des mots
sulfureux. Dans la mesure du possible, la simplicité
au plus stricte fut employée de manière
à permettre à chacun comme à chacune
de lever le voile des ces mystères qui «
façonnent notre vie ». Mais en vérité,
il ne s’agit point de mystère, mais d’un regard
sur notre propre moi qui nous mène vers les ombrages
de notre existence. C’est à cause de notre hermétisme
que les choses de la vie ont pris cette autre dimension,
une dimension nécessairement impénétrable
parce qu’à partir d’elle, des conventions sont
nées, des dogmes ont surgi, des « normes
» se sont glissées dans nos habitudes sans
que celles-ci aient réellement une vérité
à exprimer et la vérité elle-même,
comme chacun le sait, n’est qu’une relative sensation
de la réalité. La vérité
est comme un diamant, elle a plusieurs facettes et nous
ne voyons que quelques unes d’entre elles !
Si le présent sujet n’a pas été
traité avec toute la splendeur voulue d’une idéologie
politique, c’est parce que chacun peut trouver dans
une bibliothèque, chez son libraire préféré,
des ouvrages plus techniques et adaptés au classicisme.
Il a été abordé dans cette esquisse
les aspects marginaux voire inconnus ou répugnés
par le puritanisme latent de notre société
moderne plutôt en voie de développement
que développée. Néanmoins, nous
devons avoir un profond respect à l’égard
de celles et de ceux qui ont œuvré, œuvrent toujours
et encore, en vue d’apporter un peu d’éclairage
aux hommes de bonne volonté en quête d’une
PAIX durable ! Et c’est seulement dans ces conditions
essentielles que ce regard étrange de l’esprit
pourra nous rapprocher les uns des autres sans pour
autant être égaux de fait. L’égalité
au sens spirituel est une autre condition qui dépasse
les contingences physiques de l’instant.
A ce niveau, nous sommes réellement une entité
globale, fraternelle, une Unité sans séparation.
Une condition hélas, dont nous ne sommes pas
toujours conscients ce qui nous réduit à
exiger, entre nous les humains une vision différente,
parfois opposée à cette nécessité
convergente, celle de la joie et de l’amour.
???
R. V.
Rabat, Tiflet ( Maroc) le 26 Septembre 2003