La société
moderne dans laquelle nous vivons aujourd'hui, est frappée
de plein fouet par un cancer qui la ronge petit à
petit. Elle est malade, souffrante, perdue et livrée
à elle-même. Ce préambule date de
la fin de l'été 2003. Elle dénonce
ce qui était déjà l'ombre d’elle-même,
une négativité que supporte la terre et
les hommes et ce, depuis bien longtemps aux côtés
des périodes dorées. En dehors des conflits
meurtriers, du comportement haineux, égocentrique,
des douleurs intérieures intenses des femmes,
des enfants, des hommes, cette société
se voit aujourd'hui en face des conséquences
des erreurs accumulées. La recherche du bien-être
par la seule force de l'argent, a véritablement
séparé les hommes. L'argent a aussi banni
ce que les matérialistes nomment "les ressources
humaines". Pourtant, l'argent a certainement un
pouvoir constructif. Le plus vertueux des hommes qu'il
soit religieux ou pas, ne suffit pas non plus pour contrebalancer
ce cancer de société. Si la fervente croyance
peut apporter un sentiment de désengagement,
il n'en reste pas moins que le problème demeure
parce qu’ici, la croyance aveugle, appauvrit l’esprit
d’initiative.
Comme la sagesse sans amour est un cœur desséché,
une science sans conscience n'est que ruine de l'âme.
En ce début de vingt et unième
siècle, jamais il n'a été constaté
dans la société une telle indifférence
à l'égard de l'autre parce que dit-on,
il y a des priorités et des obligations. La banalisation
du désordre au sein de la cellule familiale,
la haine raciale, le manque de compréhension
engendre l'intolérance, la permissivité,
la solitude, le rejet des générations
passées. Nos aînés sont appelés
pudiquement les "personnes âgées",
aujourd'hui menacées, parce que ce sont des gens
fatiguées bien qu'elles aient contribué
largement à l'essor de leur pays quand ils n'ont
pas sacrifié toute leur jeunesse avec le souci
de construire, autant que faire ce peut, un bonheur,
le nôtre. On se demande même, d'où
viennent ces êtres dit-on « encombrants
» qui coûtent de l'argent, du temps et de
l'espace? C’est à croire que nous ne vieillerons
jamais! S'agit-il d'un manque d'argent, d'amour, d'affection,
d'un sourire, d'un geste, d'une parole ? Ce n'est pas
la "fleur bleue" qui, en guise de narcotique
nous emballe. Chacun souhaiterait finir sa vie un jour
dans la dignité. De quelle dignité s'agit-il
alors qu'en tant qu'être vivant la reconnaissance
effleure à peine les consciences fragilisées
par le despotisme de l’ignorance?
La science progresse dans la recherche des produits
médicamenteux mais les enjeux financiers sont
si énormes que les distribuer, sans aucun profit,
ni bénéfice, au plus démunis, ferait
réagir outrageusement. A ce sujet, l'information
est ramenée à sa plus stricte nécessité,
à l’extrême, elle est absente.
Et cette Terre violée par les
incendies, polluée par toutes sortes de déchets
parce que les besoins fictifs semblent plus urgents.
Faut-il des calamités supplémentaires
pour que l'alarme soit entendue? Que doit donc faire
l'individu avant que l'œuvre soit collégiale?
Les sages indiens d'Amérique disaient à
propos de la terre : « Pourquoi vendez-vous cette
terre? C'est un être vivant comme vous et moi,
elle a pris racine dans le cœur même de la création
dont nous sommes également issus! Elle sait aimer
comme vous et moi et réagit comme vous et moi
! » Allons-nous réellement vers la destruction
totale de la planète? La science ne résoudra
pas toutes nos erreurs et les horreurs parce que nous
sommes toutes et tous responsables directement ou indirectement.
Nous sommes pris à notre propre piège
car nous avons mis en avant un idéalisme illusoire,
dangereux reposant sur le lucre et l’égoïsme,
cette illusion est une « liberté »
bravant une cause éphémère, parce
que personne ne peut être libre entièrement
en ignorant le bénéfice qu’apporte la
collectivité humaine et ne serait-ce que pour
soi. Ainsi, l’homme le plus reculé du monde actif
et même agité, est obligé d’utiliser
sans se rendre compte des conditions d’existence que
son prochain s’efforce de réaliser. Cela concerne
aussi bien les moyens les plus anodins que ceux qui
sont vitaux pour la survie des uns et des autres…POUR
UNE SEULE CAUSE, LA PAIX… !
Les désagréments de la
vie ont parfois pour origine une simple ignorance, une
méconnaissance profonde des mots utilisés.
La terminologie elle-même peut très bien
nous amener à interpréter les véritables
sens du mot sans parler du but vers lequel il est destiné.
Ce sont les manies de l’esprit qui peuvent finalement
conduire l’individu à avoir des comportements
désagréables nuisant la stabilité
du milieu dans lequel il est appelé à
vivre.
La collectivité, comme l’individu lui-même,
vit selon des préceptes conformes au cadre dans
lequel il évolue. Sa façon de vivre, d’observer,
de refuser ou de rejeter, d’accepter, est « en
résonance » en harmonie, avec cet ensemble
que l’on désigne généralement sous
le terme d’environnement. Il peut s’agir de la cellule
familiale, du cadre professionnel, du quartier d’un
village, d’une ville ou d’une nation.
De tous temps, l’homme n’a cessé
d’imaginer un monde dont les désirs comme les
habitudes fonctionnent sans aucune contrainte. A t-il
raison de croire que ce choix est exempt de toutes sortes
de recherches malicieuses ou pernicieuses ?
La liberté, dit-on, est la contrainte de respecter
les droits des autres et qu’elle disparaît dès
cet instant. La liberté absolue ne résiderait
de ce fait, que dans l’imagination de la plupart des
gens, ne serait qu’une expression d’un désir
inassouvi. Les types de gouvernements les plus libéraux
par exemple et peu soient-ils, ne peuvent prétendre
qu’ils sont démocratiques ,c’est- à dire
laissant libre cours au peuple de réformer lui-même
les obligations, les droits civiques, les lois, comme
bon lui semble. Si, en ce qui concerne la « liberté
» une certaine évolution s’est avérée
marquante au fils du temps, les conditions d’existence
de l’homme moderne, n’indique pas forcément que
cette amélioration doive exiger une sorte de
laisser faire qui, au demeurant, pourrait être
dangereux pour la paix sociale. D’autre part, La liberté
de la presse, l’échange d’informations, la communication,
le respect de l’identité, ne sont pas il vrai,
admises entièrement telles qu’elles doivent l’être.
D’où vient alors ce désir effréné
de vouloir accorder à ses instincts les plus
inférieurs, de ne pas obtempérer ou du
moins de se contenir ?
Le paradoxe est que la liberté
s'associe à l'extrême aux causes principales
de la guerre! Une liberté absolue préconise
la jouissance d'imposer sa volonté, parfois avec
mépris, pour préserver uniquement ses
privilèges et ses désirs considérés
comme les plus sacrés, car ne pas les respecter
constitue une violation du droit aux yeux de celle ou
celui qui la revendique.
Que nous le voulions ou non, la société
humaine tout entière doit vivre dans une unité
harmonieuse. Or, dans un tel état, seule une
sorte de discipline individuelle puis collective peuvent
garantir le maintien d'une société équilibrée
c'est à dire autour d'un consensus majoritaire.
Le bien-être de chacune et de chacun dans une
société organisée ne peut pas être
obtenu si chaque individu avait tout le loisir de faire
ce que bon lui semble. Des prohibitions, des restrictions
raisonnables sont nécessaires afin que le plus
grand nombre de personne profite des efforts accomplis
par l’entité collective. Cependant, ce «
pouvoir » collectif n’a rien à voir avec
ce qu'on a l’habitude d’appeler la "démocratie".
Car la démocratie n'existe peut-être pas
de manière universelle ; L’harmonie sociale ne
s’obtient pas uniquement par le pouvoir de se prononcer
aux urnes pour élire un gouverneur ou un chef
d’état. La liberté de penser, d'action,
de parole, d'expression personnelle, sont autant des
préceptes d’une liberté attachée
à l'unité, mais par la contrainte de donner
aux autres la possibilité d’exprimer leurs obligations
tout en jouissant des prérogatives que la société
elle-même est en mesure de partager équitablement.
Ce droit n'est donc pas entier. Comme les cellules du
corps humain ne fonctionnent pas chacune selon un désir
individuel. Chacun d’entre-nous doit agir avec la ferme
intention de coopérer unilatéralement.
Le fait de recourir à la permissivité
est une incitation à l’isolement de soi au sein
de la vie collective et non dans l’intention de vouloir
vivre une totale solitude. Autrement dit, il s’agit
de se mettre à l’écart de la société
tout en profitant des efforts de celle-ci ; ainsi, le
« moi » pense être à l’abri
de toute influence extérieure et, selon lui,
c’est de cette manière que tout le monde devrait
se comporter. La société étant
une conséquence logique du foyer familial, entre
autres, ne peut pas être reléguer à
elle-même sans qu’elle ait pour base les valeurs
d’un groupe dont elle-même est issue. L’éthique
serait inconditionnelle, ce qui n’est pas concevable,
si nous souhaitons vivre dans une tranquillité
qualifiée d’universelle.
Cette conception, qui n’est pas du
tout excentrique ni nouvelle, différencie l’homme
de l’animal grâce à une prédominance
entre le plan de la conscience humaine qui crée
les qualités d’une part, et celui de l’animal
qui agit par instinct et au gré de ses appétits
physiques d’autre part. La morale est un bien supérieur
aux appétits des sens physiques ou psychologiques
malgré que la tendance la situe sur un plan religieux
ou philosophique. Tout laisse croire qu’elle a été
volontairement instituée du fait qu’elle serait
d’origine purement religieuse. Elle n’a pas cette implication,
néanmoins, elle est nécessaire pour garantir
un esprit d’équité entre les hommes, une
des raisons qui fait que négliger les codes moraux
de la vie incline l’individu à commettre les
pires excès. Ainsi, la liberté totale
n’est pas une réalité pouvant être
acquise par quelque moyen que ce soit et n’est pas envisageable.
Les divers crimes, les conflits de toutes sortes rencontrés
à travers la planète est le résultat
d’un égocentrisme qui appelle l’égoïsme
à le suivre pour permettre un contentement uniquement
sensuel tant au niveau de l’esprit que du corps.
Nous avons vu plus haut la relativité
existant dans les libertés « secondaires
» qui doivent s’exprimer pour faire progresser
l’humanité. L’action de communiquer, de s’entraider
sont dans une certaine limite souhaitable. Cependant,
ce dynamisme porteur d’espoir ne peut pas être
entrepris uniquement pour acquérir une satisfaction
matérielle. Celui-ci doit converger, avec toutes
les valeurs appréciées par l’humanité
dont les intérêts communs restent la solidarité
et la paix.
Une civilisation avancée compte sur une continuité
dans un espace d’expériences positives. Si elle
admet un laisser faire afin de prouver une sorte de
progression, du fait de l’absence apparente de la violence
ou de contraintes physiques et morales, elle conserve
sa force sur des principes désuets sous l’emprise
des valeurs mortes entretenues.
Dans ces conditions, cette civilisation ne progresse
pas et décline dangereusement pour disparaître
à jamais ! Il faudra à l’homme reconstruire
les sillons dans lesquels seront semées les graines
d’un avenir meilleur mais dont l’ivraie devra en être
extrait. Ce sera alors une œuvre laborieuse entreprise
laissant couler beaucoup de larmes inutiles.
Demain, ne sera pas un bonheur dépourvu d’épreuve,
celle-ci étant salutaire dès l’instant
où l’être a pris conscience de ses erreurs
qui sont à corriger.
Le monde dans lequel nous vivons est
surprenant et aussi mystérieux que l’homme lui-même.
Le déclin de la civilisation actuelle peut-être
éviter si les milliers d’hommes et de femmes
se consacrent à une certaine volonté de
maintenir les valeurs toujours actuelles dans lesquelles
se retrouve chaque être humain. Toutefois, sachant
que le monde ne s’est pas fait en un jour, on ne doit
pas s’attendre à des améliorations soudaines
puisque que le savoir ne se transmet pas uniquement
par des mots mais bien par l’action qui suggère
l’avancement, le progrès, une fin tranquille
possible si, les hommes sont et seront capables de respect.
Dans cette perspective, notre présente civilisation
sera à même de pouvoir quitter sans crainte
les aléas, principalement cette angoisse pour
affronter l’ère nouvelle qui se consacrera dorénavant
aux véritables nécessités humaines
dépassant les objectifs primaires, moribonds
que nous avons un mal incommensurable à nous
en libérer, à dépasser, s’en détacher
et surtout à oublier.
La liberté telle que l’homme
tente de réclamer, d’espérer actuellement,
n’est pas possible. En revanche, l’ensemble des individus
que forme la société peut prétendre
une harmonisation c’est à dire une sorte d’accord
holistique permettant une évolution personnelle
dont le but reste évidemment et très certainement
universel.
R.V
Paris, le 06 septembre 2003