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Les pensées du mois d'octobre 2004

LA JUSTICE EXISTE-T-ELLE VRAIMENT ?

Qui en ce monde n’a pas dit au moins une fois dans sa vie ces mots : « que justice soit faite »? Ou par exemple : « quelle injustice ! » Mais après tout, comment est perçue cette vision de justice ou d’injustice et que revêtent ces expressions si familières ? Tout le long de notre existence nous utilisons des mots, des termes sans connaître réellement leur sens. Nous avons vu que les mots comme : démocratie, liberté, égalité, amour, etc. sont effectivement émis quotidiennement de notre bouche et cependant, sont-ils vraiment adaptés avec ce que nous voulions dire exactement ou exprimer de façon objective ?
Dans un lointain passé, dans l’Egypte Antique, la justice était symbolisée par la balance et le glaive. La balance, symbole de justice, est reprise par plusieurs états ou institutions d’état des temps modernes. Elle signifiait l’équilibre, le réajustement des inégalités et des oppositions. Mais la balance comporte aussi deux plateaux et pour les égyptiens de l’époque, sur ces plateaux devaient se trouver les « causes et les effets». Ainsi, sur l’un des plateaux il y était placé le symbole des actes commis ou omis. Sur l’autre, le poids auquel correspondait ces actes. Quant au glaive, celui-ci représentait la sentence, la compensation incontournable. Il ne s’agit pas bien entendu de la justice humaine car les égyptiens pratiquaient le culte divin. Pour ces derniers, la justice était avant tout élaborée par les lois de la Nature et non par les hommes. De plus, cette loi était éternelle, que c’est elle qui menait le monde. Partant de ce principe, nous pouvons nous poser la question suivante : qu’en est-il de la justice des hommes, et qu’elles sont ses limites ? Si la justice des hommes a des limites, comment peut-on considérer la neutralité de la justice universelle, de quelle manière et à quel moment agit-elle ?
Avant de répondre à toutes ces questions, certes importantes, poursuivons notre analyse d’un point de vue plus large toujours en prenons pour base l’application de cette loi selon les grands penseurs de l’ancienne Egypte, cela dit en passant, si aujourd’hui nous rejetons cette base nous n’en gardant pas moins les principaux symboles.

D’après leur philosophie, ce ne fut pas la condamnation terrestre qui était réelle mais la considération du plan divin et inversement. L’homme pouvait donc être coupable et condamné sur terre mais innocenté aux « yeux » de la justice divine. Le rôle de cette « justice divine » n’était pas d’annoncer ou de décréter un verdict. L’homme devait, de lui-même et par lui-même, se situer au-dessus des contraintes, des attachements matériels, bref, des contingences qui le rendaient plus esclave que disciple de la vérité et de la connaissance. Il devait avoir le sentiment d’avoir agit sagement et pour le bien universel. Certes, cela n’était pas une tâche facile. L’action quotidienne impliquait une forte volonté d’agir vertueusement, car l’ignorance des lois universelles au sens sacré et divin, menait à l’échec. Il fallait se rendre compte que l’on avait mal agit et tout faire pour éviter le châtiment venant du monde divin. Dans ces anciennes sociétés, l’autodiscipline devait être acquise pour échapper à une considération générale, c'est-à-dire au fait qu’il fallait une sorte de prise de conscience individuelle, sinon la loi des hommes s’appliquait avec toutes ses iniquités, conséquence de la méconnaissance fondamentale de l’être.


Nous retrouvons également cette discipline philosophique en Inde, en Orient où, il est dit que chaque acte est inscrit dans le « grand livre des mémoires de l’univers », que rien ne se perd, mais que tout est mise en mouvement, en l’occurrence, les actes et les pensées des humains. D’abord au niveau strictement individuel et bien sûr collectif. En fait, compte tenu de la complexité de la conscience humaine, souhaitant que toute erreur doive être punie ou vengée, toute forme de passion est à exclure dans la présente réflexion.
Dans le bouddhisme par exemple, contrairement aux autres religions, l’âme n’est pas reconnue, il y est fait plutôt allusion à un être nouveau qui naît avec la « conséquence de ses actes antérieures qui n’ont pas connus en son temps, la compensation, une sorte de « facture à payer » si on peut dire, cela en raison d’une inopportunité comme le manque de prise de conscience, le temps ou le moment n’étant pas venu pour compenser, faute d’incompréhension, de maturité intérieure. Ainsi, le bouddhisme pratique soutient que tant que les actes mauvais antérieurs n’ont pas été effacés, l’être sera encore sujet à la souffrance et ses dettes seront de ce fait inscrites dans cette mémoire du « Grand livre de l’univers ». Ce qui est appelé par les philosophies particulières de l’Inde : le « Karma « mot d’origine sanskrit qui veut dire littéralement: action ou faire et non « acte mauvais » comme beaucoup pourraient le penser. Donc, ce sont les expériences de la vie présente qui constituent la prochaine selon le bouddhisme. Les actes purs accélèrent en quelques sortes la délivrance de la souffrance pour revenir à l’état originel c'est-à-dire au sein de la conscience de l’Absolu.
Un philosophe du passé disait à ce sujet :

« Les hommes, qu’ils le reconnaissent ou non vis-à-vis d’autrui, sont conscients des erreurs qu’ils commettent et qu’ils pourraient être amenés à sérieusement regretter et sur lesquelles ils pourraient se lamenter. Nombre d’entre eux se disent à eux-mêmes, et quelques fois confessent à d’autres, que s’ils avaient à recommencer leur vie ils agiraient différemment. Ils racontent comment ils essayeraient d’éviter de commettre des actes qu’ils estiment mauvais et comment ils essayeraient de les racheter.
« Cette notion d’après-vie n’est pas franchement acceptée dans le ciel traditionnel, chrétien, juif ou mahométan et ce système de correction d’erreurs commises dans cette vie n’est pas prévu.
Il semblerait donc qu’une autre vie sur terre donnerait aux hommes la possibilité de s’émanciper du comportement passé qu’ils regrettent maintenant… »

Toutes les sociétés se réclament d’appliquer une justice à partir d’un consensus qui tend à devenir international. Mais il faut cependant être réaliste car les conceptions et les notions de justice sont divergentes. Ainsi nous sommes tous d’accord pour faire appliquer une justice juste, mais les moyens sont tout à fait opposés les uns par rapport aux autres, divergents, contraires, voire même répressifs, violents. La société exige certes de ses membres des obligations et des droits. Vu les limites mentales et psychologiques, force est de constater que des erreurs de justice sont nombreuses s’il faut appeler cela « justice ». Par exemple, une nation, un gouvernement se proclamant démocratique limite le plus souvent les libertés d’expression et de déplacement de son peuple. Par ailleurs, ces mêmes libertés sont de plus en plus menacées. Faut-il supposer par là, la crainte de perdre de réels privilèges latents des dirigeants ? Ce qui est certain, cette crainte remet en cause la loi de l’équité et du bien fondé des jugements.

Toutefois, l’homme étant un être changeant, il est permis de croire qu’une société sans foi ni loi s’exposerait à de graves dangers quant à son fonctionnement et compromettrait les espoirs de tranquillité et des besoins. De même, l’homme étant un être pensant et conscient, à la différence d’un animal, reste enclin à agir selon ses aspirations intéressées ou pas.

C’est pourquoi la justice dite humaine n’est pas aussi juste qu’on ose le prétendre. Ultérieurement, il a été souligné que chaque communauté, nation et peuple avait sa propre vision ou conception de ce qui est considéré comme bon ou mauvais dans sa conduite. Comme il a été dit à plusieurs reprises dans les réflexions précédentes, le bien et le mal ne sont qu’une conception relative des réalités, car il y a autant de communautés, de peuples, de nations, etc., que de conceptions. Il est évident que dès l’instant où l’homme prit conscience que des effets négatifs ou nuisibles à sa tranquillité pouvaient menacer sa vie, il considérait que cela était « mauvais », et provoquait un déséquilibre psychologique ou physique» et c’est ce qu’il appelait habituellement le « mal ».
L’application d’une justice est en fonction de l’intelligence d’un ou des individus. Si, à une certaine époque de l’histoire de l’humanité le meurtre et le massacre étaient considérés comme des actes normaux et acceptés, il n’en est plus de même aujourd’hui. Cependant, les mobiles restent, peu différents par rapport à hier parce que l’homme s’arrange toujours à minimiser ses convoitises face à des intérêts illégitimes en les présentant comme étant la référence du «bien.»
En politique comme en religion, nous ne pouvons pas adhérer complètement au credo des autres. Chaque type d’acceptation d’une philosophie religieuse ou politique, correspond à une nature spécifique et individuelle, communautaire ou nationale. Un musulman ne peut pas par exemple s’accommoder entièrement aux principes du christianisme ou du judaïsme ou d’un non croyant et vice versa, comme il en est de même des idéologiques politiques. Les peuples se sont parsemés sur toute la surface de la terre ce phénomène d’émigration a engendré des habitudes différentes parfois complexes pour être interprétées à la hâte. Mais ce qui est certain, ces différences sont, paradoxalement, le moyen unique pour rassembler, partager, construire dans la tolérance et c’est ce qui justifie l’ultime recherche de la fraternité et de la paix dans le monde. Sans faire de prosélytisme, le devoir de l’humanité est d’aider cette réunification des êtres malgré cette diversité de culture et de tradition et c’est d’ailleurs ce qui se produit actuellement. En effet, nonobstant les faits tragiques qui torturent psychologiquement les humains, l’être refuse, du fond de son âme le séparatisme absolu. Ces faits tragiques étant essentiellement la résultante d’un manque d’éducation des adultes qu’ils soient instruits académiquement ou pas.

Ainsi, nous ne pouvons pas espérer des résolutions justes tant que nous serions attachés à cette fausse conception de vouloir diviser psychologiquement l’humanité en races séparées par des frontières ou de barrières douanières (sachant que le profit se fait à sens unique), en références abstraites qui osent qualifier l’entité pensant comme étant un spécimen physique utile uniquement à l’esclavage de l’esprit.
Nous voyons donc, que l’application d’une véritable justice repose principalement sur un esprit de maturité de la conscience, c’est peut-être la raison pour laquelle qu’elle nécessite encore l’intervention d’une décision collégiale et non simplement personnelle où la tentation demeure maîtresse quant au désir de convoiter ou de dominer.

Un sage bouddhiste disait :

«Notre esprit nous fait croire que les phénomènes, les évènements que nous expérimentons, sont purs ou impurs. Ces sont nos peurs qui justifient ces jugements. Jugements, peurs, phénomènes purs ou impurs sont indépendants des objets qui les suscitent. Ils sont un piège de l’ego qui nous rend ainsi toujours plus esclaves de lui-même. Si nous analysons ces différents points sous l’angle de la vraie nature de l’esprit, nous constatons qu’aucune réalité ne recouvre ces faits.

« Etablir une discipline éthique universelle demande qu’un principe de base soit accepté par tous : s’abstenir de toutes actions qui pourraient nuire aux autres. »

L’humanité ne peut pas évoluer de façon désordonnée. Bien que séparées, les nations doivent coopérer pour pouvoir acquérir un esprit d’équité, et de pensées justes. La justice est donc plus une question globale que sectorisée. Mais il ne faut pas confondre le procès local d’un tribunal avec toute cette justice globale qu’on aurait tendance à réclamer à cor et à cris, sans véritable connaissance de l’homme en tant qu’individu, une entité livrée à ses instincts les plus inférieurs mais probablement capable de s’élever et de parfaire ses attitudes envers autrui.

L’oppression, la répression des pensées progressistes, la dictature de l’argent, la propagande de faits mensongers, ne favorisent pas l’instauration d’une justice réelle. Tout ceci demeurera utopique tant qu’il y aura dissimulation de la vérité, de la connaissance et le mépris des plus vulnérables.
Il est impossible d’établir une véritable justice si, d’un côté nous faisons souffrir les autres peuples parce qu’ils sont sans défense, les empêcher de s’épanouir sous couvert d’un soi-disant, esprit mondialiste au sens humain du terme et de d’un autre côté, prôner l’amour, la paix ou la fraternité entre les êtres en sachant très bien que nous n’en pensons pas un mot de ce que nous avançons, aussi nobles puissent être nos intentions ! Que seuls des intérêts très particuliers se cachent derrière nos élans de solidarité. Ces intérêts ne sont pas toujours religieux ou politiques et pas simplement économiques, mais il peut s’agir dans un premier temps d’éléments subjectifs ayant pour but d’écarter les moins chanceux au savoir par exemple. L’homme moderne a « globalisé » la pensée négative parce que celle-ci procure de l’argent. Or, les êtres sensibles à l’équité savent très bien que le temps n’est qu’un détail dans le rétablissement de l’ordre dans la société, un ordre dans l’allégresse, dans la joie et la fraternité sans la standardisation des us et coutumes.
Les conduites accablantes comme le terrorisme, la violence extrême, la tromperie, le fanatisme politique, religieux ou autres, les guerres fratricides sont simplement le résultat des limitations du mentales qui tentent de faire valoir une cause imaginaire qu’il faut défendre. Certes, parmi ces aberrations de l’esprit, nous avons à faire à des sujets exaspérés, désespérés, légitimes dans leur déception, déconcertés face aux inégalités de toutes sortes, mais devenus malades mentalement et victime d’un narcotique issu de pensée infectée, souillée de haine que le mental ne contrôle plus. Il est difficile alors de dire, ou de croire, que l’homme porte en lui le germe de la bonté, qu’il est aussi bon que la Nature elle-même se prédispose pour l’aider à accepter sa condition humaine.

Il n’a jamais été interdit de massacrer, de tuer comme il jamais été interdit d’aimer ou d’haïr!
Mais c’est à force de s’allier aux principes du respect et de l’amour que l’homme a progressé et s’est affiné dans ses conceptions. Cette affinement n’est pas arrivé à son terme loin s’en faut et les évènements le prouvent bien. Ce qui laisse espérer des jours meilleurs et un monde plus humaniste, plus fraternel. Toutefois, si l’homme persiste dans des conceptions désuètes et proscrites, il sera fatalement contraint de supporter l’insupportable.
La justice divine supposée par les anciens peuples de la terre n’en demeure pas moins recevable dans un contexte logique de réflexion, même si le matérialisme notoire a une emprise sans précédent sur l’individu d’aujourd’hui. En effet, la justice telle qu’elle est perçue par l’homme est loin d’être absolue et dénuée d’erreur d’appréciation. Mais sa justice est basée sur des émotions souvent négatives, ce qui demande une restructuration sérieuse des pensées et une autre meilleure gestion du temps de réflexion. Vouloir maîtriser ce temps ou cette restructuration serait un signe d’orgueil et c’est en général, ce qui empêche le progrès.
Les questions les plus controversées en matière de justice des hommes sont la peine de mort, la torture et les erreurs dites judiciaires. Si nous négligeons la réalité de l’être humain, les réponses face à ces énigmes s’en trouvent affectées de sentiment plus passionnel et personnel, que juste, efficace et prometteuse de paix sociale.
De ce bref regard sur la justice humaine, il faut retenir que tant que l’homme s’obstinera à rechercher comment conserver et protéger ses privilèges acquis grâce aux malheurs et à la misère des autres, aucun progrès dans ce domaine ne sera possible.
Aussi, exiger de la société, de son prochain une meilleure compréhension de nos conceptions, de nos idées, suppose que l’on doit être avant tout juste et compréhensif, un exemple. Sans cette condition fondamentale, tout serait voué à l’échec.
L’accusation est un acte volontaire qui est, a priori, sensé d’affirmer un fait connu, une expérience vécue dans le temps. Par conséquent, il est difficile de juger une circonstance, une personne dont nous ignorons la nature, la forme et le fond de la dite expérience. Oser porter un certain jugement, c'est-à-dire se permettre d’exprimer, de traduire un sentiment intérieur convaincu, mais qu’on n’a pas forcément eu l’occasion de vivre, c’est tenter de créer des situations réversibles qui finissent par nuire ou détruire les actions positives que la société essaie d’atteindre. Même si des sensations d’apaisement nous incitent d’accuser à tort ou à raison. Il aurait été plus sage de tempérer des impulsions qui ne sont pas toujours justes ni fondées.
Ce sont les instincts animaux incontrôlés des humains qui doivent être affinés afin d’espérer une morale objective et des réactions en chaîne positives. Souvenons-nous de ceci : « la vérité n’existe pas mais qu’il existe une certaine vérité relative, » relative à l’intelligence, relative aux conditions réelles d’existence englobant les habitudes et les us, les coutumes et le cadre culturel dans lequel l’homme est appelé à évoluer, à progresser.

Ainsi, si nous désirons que la justice dite humaine s’applique dans toute sa plénitude d’équité, de mesure et de sagesse, nous devons d’abord être justes nous-mêmes !

RV/23/09/2004

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